Le sang du tigre by Moka

Le sang du tigre by Moka

Auteur:Moka [Moka]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Éditeur: Play Bac
Publié: 2019-11-28T05:00:00+00:00


* * *

Jérôme avait des envies de meurtre. Si jamais Mme Valonne lui disait encore une fois « Ne vous inquiétez pas », il allait l’étrangler. Ou pire, il pourrait perdre son flegme, un déshonneur pour un majordome de son standing.

— Voilà ! fit Aliénor en posant les sacs sur la table de la cuisine. Nous avons de quoi parer au plus pressé. Le supermarché nous livrera tout le reste, comme je vous l’avais assuré. Je vous avais bien dit de ne pas vous inquiéter. C’est calme, non ? Où sont-ils donc ?

Jérôme espéra qu’une faille temporelle s’était ouverte et avait englouti ces sales gosses, mais il se contenta d’indiquer la direction du salon bleu.

— Ils sont probablement là, madame. Dois-je réchauffer les pizzas ?

— Oh, pas la peine, elles sont encore tièdes.

Le majordome garda le silence quand Aliénor déballa les bouteilles de soda. Plein de sucre, plein de caféine, plein de produits chimiques, pensa-t-il. Mme Valonne avait besoin de cours de diététique.

— En revanche, le tiède pour les sodas, ce n’est pas terrible, commenta Aliénor. Vous n’avez pas de Coca dans le frigo, par hasard ?

— De la citronnade maison, madame. Faite ce matin avec des citrons non traités. Malheureusement, je n’en ai pas préparé assez pour une colonie de vacances.

— Ouais… bon. Je comprends que tout ce chambardement vous perturbe. Mais nous allons nous organiser, ne vous in… Hum… ça ira, vous verrez !

Aliénor empila les boîtes de pizzas et sortit de la cuisine. Jérôme loucha vers le garde-manger où il cachait une bouteille de whisky pur malt vingt ans d’âge. Il avait besoin d’un remontant. Il se retint juste à temps : Maxime venait de franchir le seuil.

À parier qu’il voulait un café, celui-là.

— Expresso, monsieur ?

Maxime s’assit et eut ce sourire carnassier qui avait fait peur à plus d’un malfaiteur quand il était dans la police.

— Oui et prenez-en un aussi. Nous allons avoir une petite conversation, vous et moi.

Jérôme pressentit que la discussion risquait de ne pas être des plus amicales. Le retour d’Aliénor, accompagnée de Bragance et de Bastien, retarda le moment fatidique de quelques minutes. Quand ceux-ci furent repartis avec des bouteilles d’eau et des serviettes en papier, le café était prêt.

— Vous avez été au service de Vianney pendant très longtemps, n’est-ce pas ? Vous avez été le témoin privilégié de beaucoup d’événements. Certains particulièrement tragiques… Avez-vous connu Berthe, la mère de Vianney ?

— Je suis arrivé en 1975. Madame Berthe est décédée en 1972. Monsieur Côme est mort très jeune, durant la Seconde Guerre mondiale.

— Oui, ça, je l’ai vu dans l’arbre généalogique de la famille… Vianney vous a-t-il jamais parlé de sa sœur ?

— Je ne suis pas au courant.

Maxime contempla le liquide noir et mousseux dans sa tasse. Puis sourit de nouveau.

— Vous n’êtes pas obligé de rester au manoir, Jérôme.

— Où voulez-vous que j’aille ? s’affola le majordome. Et puis, je n’aurais plus droit à la pension que me verse maître Folichon. Ce n’est pas avec ma retraite que je pourrais vivre !

— Très bien, alors mettons les choses au point.



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